Tous les ingrédients tactiques sont ici réunis pour votre plaisir ! Il s’agit d’un mat en 4 coups, mais seul le troisième est un peu plus difficile à trouver !
Avant de poster un exercice sur Woufsblog, je tente toujours de le résoudre, pour évaluer sa difficulté, et pour ne garder que ceux qui peuvent soit donner du plaisir, soit enrichir notre culture des 64 cases…
Ce diagramme m’a distillé successivement deux émotions :
La joie de trouver un coup gagnant, efficace et esthétique.
La déception d’apprendre qu’il en existait un autre, plus efficace et plus esthétique.
Je suis convaincu que les plus chevronnés trouveront ces deux coups !
Idée justifiée que 1. … Dxd6 est immédiatement sanctionné par 2. Cf7#
Mais après 1. … Tc6 il y a encore du travail ( Même si 2. Dd7, avec l’idée 3. Tg7 gagne quand même)
LA BONNE SOLUTION :
1. Cf8 ! (La bonne pièce, mais la mauvaise case)
Cette obstruction sur la huitième rangée est fatale !
1. … Txf8 2. Tg8+ Txg8 3. Dxf6+ et mat au coup suivant
ou
1… Dxf8 2. Tg8+ Dxg8 3. Df6+ et la sanction est la même.
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Ce diagramme est issu d’une partie opposant Lengyel à Kaufman, à Los Angeles en 1974. Les Blancs ont un pion passé éloigné, les Noirs un pion passé protégé. Un plan simple pour les Noirs serait de bloquer le pion a par Tb3-b8-a8 et d’amener le Roi à l’aile dame. Oui mais le trait est aux Blancs… Et il y a un gain logique et simple.
Pour éviter la promotion du pion Blanc, les Noirs doivent prendre. La prise avec la Tour étant immédiatement perdante (1. … Txb4 2. Txb4 cxb4 3. a6 b3 4. a7 b2 5. a8D+, promotion avec échecs!) il faut essayer 1. … cxb4 en espérant pouvoir revenir avec la tour, sur la colonne c:
2. a6 Tc3
3. a7 Tc8
4. Txb4
Et la menace 5. Tb8, éventuellement sur Échec est fatale…
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Qu’elle est jolie cette position ! On pourrait penser à un équilibre dynamique, les Noirs ont du matériel en plus, mais un Roi un peu handicapé, empêtré devant ses propres fantassins et un équidé ridicule qui flirte avec les limites du terrain de jeu…
Croyez moi, c’est encore pire que ça : les Noirs sont condamnés … Et pas au terme d’une lutte finale laborieuse et longue, il y a un mat en 3 coups !
On pourrait penser à 1. a3 (Comprendre la notation algébrique) ou 1. a4 en espérant que le Cavalier noir (pas si mal placé) se déplace et lâche la case b7 pour y planter, en matant, le Cavalier blanc. Oui mais les Noirs ne sont pas en zugzwang et répondraient 1. … b5 en ouvrant une porte pour avoir de l’air…
En continuant à raisonner, on s’aperçoit que le Roi Noir dispose après 1. … b5 d’une perspective de fuite via b6. Comment contrôler b6 …..
1. Cc8 ne donne rien, il faut dire que le matériel est restreint. Il faudrait superposer le Cavalier Blanc au Pion c4 il y aurait mat… Mais ce genre d’empilage n’est ni académique, ni autorisé !
Mais c’est ainsi que l’idée commence à germer :
1. c5 !
La menace est maintenant 2. Cc4+ Rb5 3. a4#
D’où
1. … b5
Les Noirs sont maintenant en zugzwang et les malheureux coups qui leur restent les condamnent,
2. a3
Si le Cavalier Noir bouge 3. Cb7# Sinon 2. …b4 3. axb4#
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» -Bon sang, j’avais une position gagnante… Il était cuit … »
Alors que sur la feuille de match, le résultat final prouvait le contraire.
Quand on a une position gagnante, peut-être a-t-on tendance, à tort, à se relâcher. Alors qu’un peu de rigueur nous permettrait de conclure rapidement.
Le Roi Noir ne demande qu’à s’enrhumer. Mais comment continuer l’attaque ? Un échec de la Dame Blanche en b1, c2 ou d3, se verrait conté par 1. … f5 (Comprendre la notation algébrique) Et les perspectives de Champagne s’évanouiraient…
Ah si La Dame pouvait pénétrer le camp Noir…
Et l’idée apparait : Débarrassons nous du Fou f3 pour entrer via h5 !
1. Fe4+ ! et c’est fini !!!
1. … dxe4 2. Dh5+
Et les Noirs devront donner la Dame en g7 pour retarder un peu le mat :
2. … Rg8 3. Tag1+ Dg7 4. Txg7+ Rxg7 5. Tg1#
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Au jeu d’échecs, Zugzwang signifie un « coup forcé ». Ce terme vient de l’allemand. (Zug = coup, Zwang = Forcé)
Être en zugzwang se dit de la situation d’un joueur qui est obligé de jouer un coup qui le fait perdre ou dégrade sa position. Le camp en zugzwang n’affaiblirait pas sa position s’il avait le droit de ne pas jouer. Le fait d’avoir le trait constitue alors un désavantage, car tous les coups possibles entraînent un dommage dans la position sur l’échiquier.
Le zugzwang intervient surtout dans les fins de parties.
L’exemple donné par Wikipedia a le mérite d’être simple. Pour clôturer 2009 j’ai la joie de vous offrir cet exemple, issu d’une partie opposant Gines à Trias en 1981.
Les Noirs jouent et gagnent.
Égalité matérielle rigoureuse ne signifie pas égalité ! Loin de là… La position étriquée du Roi blanc peut vous mettre sur la piste !
Il signait parfois ses articles et ouvrages Anonimo Modenese. C’était un conseiller de la ville de Modène au XVIIIème siècle. Ercole Del Rio, tel est son vrai nom est considéré comme le fondateur de l’école italienne d’échecs.
Le pion g2 étant attaqué deux fois, le cavalier a5 étant en prise, le deficit en matériel commençant à nous effrayer… Il nous faudra être énergique pour gagner !
La rubrique Echecs du jeudi est de retour après une pause estivale. Le contenu de l’année scolaire précédente est disponible sous la forme d’un livre numérique que vous pouvez télécharger ici
Nous attaquons (c’est le cas de le dire) cette nouvelle période avec une partie extraite d’un très bon ouvrage : L’art du sacrifice aux échecs de Rudolf Spielmann, ouvrage dont je vous cite une partie de l’introduction :
Dans le domaine du problème d’échecs, les différentes combinaisons sacrifices ont été cataloguées depuis longtemps et ont reçu leurs propres noms. Dans la partie, à ma connaissance, une semblable répartition n’a pas encore été tentée. Seules quelques rares combinaisons, comme par exemple le mat de « Legal » possèdent leur propre nom, et pour les autres on fait souvent emprunt aux problémistes, pour des expressions telles « déviation , auto-obstruction », etc.
La tâche des compositeurs est toutefois plus facile. Leurs idées sont préconçues et peuvent être exécutées sans interférence d’aucun adversaire. Le matériel superflu peut être simplement mis à l’écart afin que l’idée fondamentale apparaisse finalement à l’état pur et permette un diagnostic clair. Il en va différemment dans la partie d’échecs. Les combinaisons séparées ou certaines tournures tactiques surgissent de façon plus ou moins fortuite, et dans l’optique du problème, ne sont pratiquement jamais pures ou « économiques », et pour cette raison sont aussi plus difficiles à reconnaître et à cataloguer.
La partie fût jouée en 1929 à Vienne, au cours d’un tournoi opposant l’auteur de ce livre à Hoelinger. Toute la partie est instructive et Spielmann a, dès le 17ème coup un avantage de développement important. (La partie est disponible en PGN en fin de billet)
Voici la position après le 24 ème coup noir.
Les Blancs jouent et gagnent
Solution sous l’image.
24. Ce7+!
Ce sacrifice (de dégagement) n’est pas refusable 24. … Rh8 25. Dxf8#
En fait les Noirs abandonnèrent pour ne pas subir la variante :
24. … Dxe7
25. Dxh7 Rxh7
26. Th5+ (Et oui cette tour est imprenable le pion g6 étant cloué par le fou d3) Rg8 27. Th8#